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b - Luttes des Abolitionnistes

Dès 1700, les philosophes rationalistes français du siècle des lumières, furent les premiers à critiquer le système et à en réclamer l ‘abolition.

Mais avant eux, ce fut les Quakers  (un groupe protestant évangélique en Amérique et en Grande Bretagne) qui en 1671 critiquaient courageusement  l’institution de l’esclavage des Noirs.

Plusieurs Associations pour l’Abolition vont être créées aussi bien aux USA qu’en Grande Bretagne de 1777 à 1787.

Aux USA, à partir de la révolution américaine, Georges Washington, Thomas Jefferson et Benjamin Franklin vont s’opposer vigoureusement au système en 1776.

En France, c’est en 1788 que la Société des Amis des Noirs sera fondée en  échos à l’actualité dans le monde au sujet de l’esclavage et en réclamer la fin, avant que l’année suivante, la Révolution triomphante ne l’abolisse effectivement …Mais pas pour longtemps !

Les pressions des abolitionnistes de plus en plus fortes  aboutirent en 1807 au vote de loi simultanément en Grande Bretagne et aux USA pour abolir le commerce des esclaves sans que ceux qui étaient déjà esclaves ne soient libérés. Ils le seront dans la deuxième moitié du XIX éme siècle lorsque la Grande Bretagne  sous la pression de Thomas Foweil Buxton et Wilberforce William sur les parlementaires, utilisera sa puissance navale pour diminuer la traite des esclaves dans le monde entier.

Le philosophe et économiste allemand de la fin du 19éme au début du 20éme siècle, Werner Sombart écrivait : « Nous sommes devenus riches parce que des races entières sont mortes pour nous ; c’est pour nous que des continents ont été dépeuplés ».

Un historien de Bristol en Angleterre disait : «  Il n’y a pas une brique dans la cité de Bristol qui n’ait été cimentée avec le sang d’un esclave. Domaine somptueux, vie luxueuse, domestiques en livrée provenaient des richesses tirées de la souffrance et des gémissements des esclaves, et vendus par des marchands de Bristol. » cité par Eric Williams, dans « Capitalisme et Esclavage », Paris, présence Africaine, 1968 page 85.

Entre temps, les rois et chefs de tribut africains qui prenaient conscience que leur pays se vidait de ses forces vives et ne voulaient plus continuer ce commerce, étaient eux-mêmes capturés, faits prisonniers et déportés vers d’autres colonies. Ce fut le cas de Béhanzin dernier roi du Dahomey l’actuel Bénin. Il mourut en exil à Blida en Algérie après un premier séjour aux Antilles.

Il y eut également des rois ainsi que d’éminents membres du clergé parmi les abolitionnistes. Ce fut le cas du roi Charles V qui fut le premier à interdire l’esclavage indien en 1530 avant que Louis XIII n’autorise la traite en 1642..

Puis, en 1639, le pape Urbain VIII interdit l’esclavage des Noirs et des Indiens, mais ne sera pas obéi.

 c- La traite clandestine

 Malgré les lois votées dans plusieurs pays  pour l’abolition de la traite, les négriers vont poursuivre leurs activités de manière clandestine.

Parfois, des bâtiments négriers déversaient leur cargaison d’esclaves vivants  à la mer lorsqu’ils étaient pris en faute.

Ce commerce était trop lucratif et on y avait pris goût. Aussi, jusqu’en 1836 parmi les hommes qui continuaient à le défendre figurait le Monseigneur BOUVIER évêque du Mans qui  clamait qu’on pouvait légitimer le commerce des esclaves noirs, « à la seule condition que les nègres seront justement privés de leur liberté, qu’on les traitera humainement et qu’il n’y aura point de fraude dans le marché ». Cf. « De l’esclavage chez les nations chrétiennes, P. Larroque, Paris 1864, pages 31 et 32.

 La traite négrière clandestine a donc bravé pendant près d’un siècle encore les interdictions officielles de la traite sur le plan national de plusieurs pays européens. Toutes les couches et classes sociales qui en avaient les moyens en achetaient soit pour leur propre usage, soit pour les revendre .Ils avaient tous intérêt à sa poursuite.

Même certains philosophes du siècle de lumière y prenaient leur part. Ainsi «  Quand Chateaubriand mourut en 1794, il  lui restait 150.000 livres d’arriérés à percevoir, non compris les intérêts accumulés » selon R. CHATEAU-DEGAT à la page 140 de son livre.