Index de l'article

2 - Les séquelles de la traite

 Les séquelles de la traite sont multiples.

 Sur le plan politique

 Les comptoirs des puissances européennes  avaient remplacé les administrations locales au temps de l’esclavage et de la traite. Nous savons donc que c’est par la supériorité des armes à feu sur leurs flèches que les peuples d’Afrique et d’ailleurs ont été soumis aux négriers puis aux colons. Etant passé d’une main à une autre de même nature, politiquement, la situation de spoliation et de misère que vivent ces peuples depuis des siècles ne fait que s’aggraver avec le temps.

Dans certains pays anglophones devenus indépendants subsiste le système de Premier Ministre. La reine d’Angleterre demeurant le garant de la Constitution de ces pays. c’est le cas par exemple de l’Île Maurice, La Nouvelle Zélande et bien d’autres encore.

 Sur le plan culturel,

 L’évacuation par la force des cultures des peuples colonisés n’a pas épargné leurs langues. Aussi domine la langue de l’ancienne puissance utilisée comme langue officielle dans l’administration surtout. Par exemple le français dans les pays francophones et l’anglais dans les pays anglophones. Même si dans certains autres pays devenus indépendants la langue originelle est rétablie dans ses droits, c’est la langue de l’ancienne puissance qui emporte la préférence dans le choix de la première langue étrangère. En Ethiopie par exemple pour l’anglais ainsi que de nombreux autres pays arabes.

 Sauf en Nouvelle Zélande où  les Maoris, populations autochtone  dont j’ai eu le bonheur de faire la connaissance, ont su par leur lutte imposer le maintien de leur langue et faire de la Nouvelle Zélande, un pays bilingue jusque dans les universités.

Toujours sur le plan culturel, il convient de signaler la perte pour les esclaves mêmes affranchis de leur nom. Ils portaient le nom de leur propriétaire que certains ont choisi de garder après leur libération. On les rencontre partout dans le monde entier, surtout aux Etats Unis et dans les pays africains. D’autres, par contre, ont choisi de porter le nom de leur pays d’origine lorsqu’ils s’en souvenaient encore. C’est l’exemple de Mr. DAHOMEY et de Mr. CONGO que j’ai eu la chance de rencontrer à la Guadeloupe.

Ainsi donc, jugeant leur culture la seule valable, les colons procédèrent au remplacement pur et simple de la culture pré-existante des peuples colonisés  par la leur.

Voici ce qu’en pense Suret Canale  historien français  dans son livre : l’Afrique Noire l’ère coloniale de 1900 – 1945 à la page 463. : « A par la restauration, tardive, des palais royaux d’Abomey (Dahomey), rien ne fut fait pour assurer la conservation des monuments de l’époque  coloniale, qui furent laissés à l’abandon ou détruits.

En définitive, l’action coloniale en matière culturelle se limita à peu près strictement à l’enseignement, un enseignement conçu comme exclusivement utilitaire, et procédant de la seule culture jugée valable : celle du colonisateur. »

On peut noter en passant  le processus extraordinaire de multiculturalisation que la traite a suscitée dans les Amériques et les Antilles du fait d’y avoir regroupé des populations de cultures et d’horizons différents.

 Sur le plan économique

 Il est indéniable que le dépeuplement massif ainsi que l’évasion  physique ont fait défaut à l’économie des continents qui les ont subi : l’Afrique et l’Inde.

« la liberté volée, la dignité bafouée, l’humanité refusée, le sang versé des centaines de milliers, des millions, des dizaines de millions de fois, cela il faut l’admettre, a été commis, planifié, défendu et poursuivi simplement sommes-nous tentés de dire, afin que ceux qui possédaient la puissance et la richesse aient davantage de richesse et de puissance » a écrit R. CHATEAU-DEGAT dans son livre à la page 29.

 Aujourd’hui, partout dans ces colonies ne peut avoir lieu un développement économique qui fasse ombrage  à celui de l’ancienne puissance. Le verrouillage du système économique par contrats inégalitaires interposés est de plus en plus visible pour les observateurs extérieurs et palpable pour les peuples qui le subissent de l’intérieur.