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3 - Les survivances du système d’esclavage

Nombreux sont les hommes et les femmes qui subissent encore de nos jours  les manifestations de discrimination liées à la couleur de leur peau si elle n’est pas blanche, et cela, qu’ils soient ou non descendants des esclaves de la traite. Ces manifestations résultent et témoignent  des survivances les préjugés savamment élaborés défendus et diffusés par ceux qui ont intérêt à la pérennisation de cette idéologie raciste.

Nous savons que le processus d’abolition internationale de la traite qui a démarré dès 1815 à Vienne en Autriche a eu beaucoup de mal à aboutir.

Il a fallu la deuxième Conférence de Berlin en 1890, puis enfin la Convention internationale de Genève en Suisse en 1926 avant que le phénomène ne donne des signes d’essoufflement. Soit plus d’un siècle après les premières volontés affichées  de l’endiguer.

Mais l’abolition qui a fini par intervenir a t-elle réellement mis fin à ce système ?

 a - Comment y croire lorsque Haïti, la première République Noire à avoir libéré ses esclaves a déclenché la hargne des puissances européennes et américaines qui n’ont pas hésité à l’asphyxier ?

Quelques années après la proclamation  de son indépendance, de 1803 à 1825 un blocus lui fut imposé. Haïti dû utiliser toutes ses forêts pour produire de l’énergie. Une situation qui entraîna la déforestation dont les mêmes qui semblent compatir à ses malheurs se désolent aujourd’hui.

Pour lever le blocus et permettre sa reconnaissance internationale, la France a exigé  une indemnité de 150 millions de francs-Or, cinq fois son propre budget de l’époque. Ce serait l’équivalent du dédommagement des propriétaires d’esclaves de l’île.

C’est en quelque sorte la victime qui indemnise son bourreau !

Cette dette estimée à 21 milliards de dollars aujourd’hui, Haïti a fini de la payer en 1947, soit pendant plus d’un siècle.

Entre temps, les USA qui pourtant venaient d’emporter la guerre contre l’esclavage chez eux avaient occupé l’île de 1915 à 1934 et imposé des pouvoirs dictatoriaux fantoches dirigés par la minorité créole métisse.

Le prétexte évoqué par Robert LANSING, Secrétaire d’Etat américain à l’époque était que : « La race noire est incapable de se gouverner seule puisqu’elle a une tendance inhérente à la vie sauvage et une incapacité physique de civilisation ».

« Il faut savoir que le peuple Haïtien a payé et continue de payer pour un crime qu’il a commis il y a deux siècles ; un crime de lèse-système ! Celui d’avoir été le premier peuple à dire NON  à un système de déshumanisation et d’abêtissement du genre humain, le système esclavagiste ». Cf. Gilbert KOUESSI, chercheur individuel béninois en Sciences Politique et Sociale dans : Haïti, Peuple Héroïque et Martyr.

b - Comment y croire au sujet de l’Afrique du Sud ?

L’apartheid pratiqué en Afrique du Sud pendant plusieurs années, est un système de parfaite survivance de l’esclavage moderne.

En effet, lorsque les premiers conquistadors de l’exploration portugaise abordèrent les côtes de cet immense territoire que constitue l’Afrique du Sud, en 1488, ses populations étaient loin d’imaginer la suite de cette rencontre que eux plaçaient sur le plan de l’amitié, de la cordialité et de la convivialité.

Les Portugais seront suivis des Espagnols des Hollandais puis des Britanniques.

Pendant plusieurs siècles de 1488 à 1898 les arrivants d’origines diverses vont ensemble procéder à la découverte des nombreux gisements de diamant et d’or du pays.Puis vont commencer à se battre entre eux  pour le contrôle du  pays de leurs hôtes. A la fin, lorsque la paix fut signée le 31 Mai 1902, les Noirs vont être exclus de la gestion même de leur propre pays. Un nouveau système de discrimination sera érigé en politique de gouvernement : l’apartheid.

L’apartheid dénie aux Sud Africains  tous droits politique, économique, humain et individuel dans un pays de 43 millions d’habitants dont les Noirs totalisent 78 % et les Blancs 11 %, 9 % de métis et 2.6 % d’Indiens et d’Asiatiques. Les 11% de Blancs vivaient sur les 93% du territoire, tandis que sur les 7% restants devaient s ‘entasser  les 89 % de la population.

Après 4 siècles de lutte, les Noirs retrouveront leur dignité bafouée grâce à leur persévérance avec l’aide et la complicité d’autres Blancs plus intelligents que ceux qui les avaient excluent de tous les espaces de la vie de leur propre société.

Malgré toutes ces années de mépris et de violences subis par les Noirs, la transition se fera  sans effusion de sang. Un Noir, Nelson MANDELA  est devenu Président de ce vaste et riche pays qu’est l’Afrique du Sud en 1994, battant en brèche les thèses vaseuses et  fumeuses selon lesquelles « la race noire est  incapable de se gouverner seule…. » (Selon le Secrétaire d’Etat américain en 1915 au sujet d’Haïti en 1915…)

Les Sud Africains nous ont donné une belle  leçon de psychologie humaine sur laquelle nous reviendrons dans la dernière partie de notre exposé. Partie que nous avons intitulée : Psychologie de l’effacement.