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I - BREF  RAPPEL DE L’HISTOIRE DE  L’ESCLAVAGE

 

L’esclavage, c’est lorsqu’ un système de société est en place pour asservir, voire avilir à tout point de vue un ou plusieurs individus  de cette société par des membres de cette même société.

Le système esclavagiste a fait son apparition dans l’antiquité après que les hommes vivant initialement sous forme primitive et se mariant par hordes, aient suffisamment évolué pour s’organiser en société.

Ensuite, il a laissé sa place à la société féodale où les esclaves avaient fait place aux serfs sous les seigneurs féodaux.

 

A l’étape de la société bourgeoise en concomitance avec le développement économique , les paysans et les serfs devenus ouvriers n’étaient plus taillables ni corvéables à merci, mais pouvaient échanger leur force de travail contre un salaire. Les femmes et les enfants devaient aussi travailler, y compris à domicile. Tous, pour des durées illimitées d’heures par jour.

Les salaires de misère ainsi que les revenus insuffisants des travailleurs de la terre poussèrent ces derniers dans les bras des rentiers, des usuriers et des créanciers impitoyables qui  faisaient d’eux des esclaves lorsqu’ils devenaient insolvables.

C’est ainsi qu’au deuxième siècle , à Rome , par exemple, on pouvait compter 20.000 citoyens libres pour 400.000 esclaves, soit un rapport de 0.05 ou 5%.

Et si au VIème siècle on pouvait noter un trafic de Noirs vers Rome, Athènes, Bagdad et

Téhéran, ces mouvements restaient cependant sans grande influence.

 

La révolution industrielle entraînant la mutation de la société bourgeoise  en société capitaliste a créé le besoin de plus en plus  accru de mains d’œuvre.

La recherche de matières premières pour les usines a donc conduit naturellement les gouvernements européens hors de leurs frontières. Les missions d’exploration et les expéditions leur feront croiser la route des peuples de pays non encore industrialisés, mais assis sur des richesses.

Avant leur arrivée, les Africains quant à eux, achetaient et vendaient déjà entre eux, des « jeunes esclaves » qui étaient intégrés pleinement dans leurs familles d’adoption. Constituant une force de travail, ils étaient élevés selon les us et coutumes de ces familles mais ne faisaient pas l’objet d’un trafic du genre de la traite.

Pour accroître leurs capitaux et affermir leur puissance, les gouvernements européens n’hésiteront pas à réduire les peuples des pays arriérés en une nouvelle forme d’esclavage grâce à la force de leurs armes à feu sur les flèches que détenaient ces derniers.

Avec la bénédiction des hauts dignitaires de l’église catholique, les Papes en tête, ils transformeront les hommes , femmes et enfants de ces pays en objets dépourvus d’identité qu’ils marquaient au fer rouge, troquaient et vendaient à travers le monde entier .

Ce commerce intensifié des êtres humains appelé traite négrière va durer du 15ème jusqu’au 19ème siècle.

 

Les révoltes parfois sanglantes des esclaves conjuguées aux cris et aux dénonciations des abolitionnistes vont finir par avoir raison de cette honte de l’humanité qui laissera des traces visibles jusqu’à nos jours.

En effet, dès 1671, les Quakers (un groupe protestant évangélique en Amérique et en Grande Bretagne) critiquait courageusement l’institution de l’esclavage des Noirs. Et en 1807 sous la pression des abolitionnistes le vote d’une loi simultanément en Grande Bretagne et aux USA abolit le commerce des esclaves sans que ceux qui l’étaient déjà ne soient libérés.

Le philosophe et économiste allemand de la fin du 19éme au début du 20éme siècle, Werner Sombart écrivait : « Nous sommes devenus riches parce que des races entières sont mortes pour nous ; c’est pour nous que des continents ont été dépeuplés ».

Un historien de Bristol en Angleterre disait : « Il n’y a pas une brique dans la cité de Bristol qui n’ait été cimentée avec le sang d’un esclave. Domaine somptueux, vie luxueuse, domestiques en livrée provenaient des richesses tirées de la souffrance et des gémissements des esclaves, et vendus par des marchands de bristol » cité par Eric Williams, dans « Capitalisme et Esclavage », Paris, Présence Africaine, 1968 page 85.

 

Le principe de la fin de la traite consignée dans un traité  en 1815 à Vienne en Autriche ne sera confirmé que le 25 Septembre 1926 à une Convention Internationale sur l’esclavage à Genève en Suisse.

En France, « La République n’entend plus faire de distinction dans la famille humaine » a proclamé la Constitution Républicaine de 1848. Cf : Monde Diplomatique de Novembre 2001 Page 28. Alors que dans les colonies britanniques, une loi était déjà passée depuis 1833 pour libérer tous les esclaves.

Mais ce ne sera qu’en 1948 que cette interdiction sera clairement mentionnée en article 4 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (D.U.D.H.)

            Les nombreux dégâts, causés par cette situation durant ces nombreux siècles ont donc tout naturellement laissé des traces. Des traces d’autant plus difficiles à effacer que ce système s’est prolongé  sous forme de colonialisme et perdure de nos jours sous forme de néocolonialisme dont nous allons analyser les effets psychologiques.