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d - Rôle de l’Eglise Catholique.

 Vers la fin du XIV ème siècle, les navigateurs européens commençaient à être  présents sur les côtes africaines. En revenant de la Guinée Cap Vert l’un d’eux( du nom de Nuno Tristao)  ramena les 10 premiers esclaves victimes d’une razzia sur le Rio Ouro et les offrit au pape  Eugène IV qui devint ainsi le premier propriétaire d’esclaves africains de l’époque en 1441. C’était le début des bonnes relations entre l’église et les conquistadors.

 Quelques années plus tard, le pape Nicolas V autorisera le roi du Portugal à conquérir les terres…et à pratiquer le « juste  commerce » des païens Noirs en 1454.

Avec le premier contrat accordé par le roi d’Espagne  autorisant le commerce négrier en 1528, l’accord politique et religieux au sommet était scellé pour régler le sort des Noirs africains qu’on allait razzier en troupeau. L’autorisation officielle pour les conquérants français s’était faite plus tôt et aucune conscience ne s’en embarrassait

L’Eglise catholique n’a pas seulement soutenu la traite des esclaves, elle l’a justifiée par de nombreuses théories aussi fumeuses les unes que les autres par la voix de ses illustres dignitaires. Elle en a même profité.

 C’est ainsi que l’on pouvait apprendre du théologien espagnol François de VITTORIA qui disait vers 1532 ce qui suit : «  La providence ayant créé l’Univers pour tous les hommes, nul ne peut faire obstacle à ce que tous les hommes aient libre accès aux richesses de ce monde ; de même l’Evangile ordonnant : « allez, enseignez toutes les nations », nul ne peut légitimement faire obstacle à la prédication religieuse »….Si donc les barbares (les Indiens d’Amérique, mais par extension à tous les peuples coloniaux) font obstacle par la force au désir des étrangers de prendre leur part aux biens du pays, ceux-ci auront le droit de riposter par la force et de garantir leur sécurité en occupant le pays et en soumettant les populations ».

Citation repris par Joseph FOLLIET dans « Le Droit de colonisation. » Paris, Blond et Gay 1930.

Le révérend Père MULLER, lui proclame ce qui suit : «  L’ Humanité ne doit pas, ne peut pas souffrir que l’incapacité, l’incurie, la paresse des peuples sauvages laissent indéfiniment sans emploi les richesses que Dieu leur a confiées avec la mission de les faire servir au bien de tous. S’il se trouve des territoires mal gérés par leurs propriétaires, c’est le droit des sociétés lésées par cette défectueuse administration de prendre la place de ces régisseurs incapables et d’exploiter au profit de tous, les biens dont ils ne savent pas tirer partie ». Cité par joseph Folliet.

 Quant à Albert SARRAUT, illustre théologien, il évoque en 1931 pour justifier les barbaries commises par les colons,  «  le droit de la colonisation à la mise en circulation des ressources que des possesseurs débiles détenaient sans profit pour eux-mêmes et pour tous »… Cf. Suret  Canale Professeur d’histoire géographie  dans son livre « L’Afrique Noire- L’ère coloniale 1900- 1945 à la page 144 et 145.

En clair, dira Suret  Canale, « l’idée d’une malédiction divine particulièrement sur la race noire, et justifiant ainsi l’esclavage des Noirs, sera fréquemment exprimée du XVI éme au XVIII éme siècle chez les auteurs catholiques. »

 Encore au XIX éme siècle, cette idée reste présente dans la pensée du Père LIBERMANN, fondateur de la congrégation du Cœur Immaculé de Marie (bientôt fusionnée avec celle du Saint-Esprit).  Selon ce père, « L’aveuglement et l’esprit de Satan sont trop enracinés dans ce peuple, et la malédiction de son père repose encore sur lui ; il faut qu’il soit racheté par des douleurs unies à celles de Jésus, capables d’expier ses péchés abrutissants …afin de le laver de la malédiction  de Dieu ». Citation tirée par Georges GOYAU de « La France missionnaire dans les cinq parties du monde. » Paris Plon, 1948, Tome II à la page 177.

En bref, ce ne sont pas les méfaits de la traite et de la colonisation qui sont à la base des misères des peuples noirs, mais un péché originel qui pèse sur « la race ».

 La part de responsabilité de l’Eglise catholique dans la traite des esclaves est  avérée, puisque les missionnaires impliqués dans ce trafic recevaient leur ordre de mission du vatican. L’organe chargé de gérer  les missions et les missionnaires étant la « Sacrée Congregation de Propaganda Fide » (pour la propagande de la foi) créée en 1622 par le pape Grégoire XV

Et dans les îles, à la Martinique par exemple, « Le clergé est lui aussi propriétaire d’esclaves en grand nombre, 900 chez les Jésuites, 500 chez les Dominicains. Nul ne s’en étonne. » Cf. les cahiers du patrimoine : Esclavages,  Tome III à la page 84.Du conseil Régional de Martinique.

Heureusement pour les esclaves, tous les religieux n’obéissaient pas complètement  à leur maîtres du Vatican, et que plus tard bon nombre d’entre eux avaient reconnu leur faute.

Mais le mal était fait car Louis SALA-MOLINS en citant PEYTRAUD  page 438 écrivait que le Code Noir, est « l’œuvre de Colbert, inspiré à la fois de la Bible et du droit romain, du christianisme et du droit canonique.

Tout s’était passé à l’époque comme si les Indiens, les Amérindiens et les Africains rencontrés dans leur propre espace de vie n’avaient ni biologie, ni culture ni âme.

En échos aux révoltes des esclaves eux-mêmes, de plus en plus de voix commençaient à s’élever contre cette manière de maltraiter une partie de l’humanité. Les abolitionnistes  constitués par des citoyens regroupés en organisations, des politiques, des  philosophes et surtout des parlementaires réclamaient la fin du système lucratif mais dégradant et inhumain que constituait la traite.